Le Dieselgate continue de faire des vagues. Cette fois, c’est Renault qui se retrouve dans la ligne de mire de la justice. Le parquet de Paris a requis un procès contre le constructeur français pour "tromperie aggravée", dans le cadre de l’enquête ouverte depuis 2017. En cause : des moteurs diesel truqués pour fausser les tests antipollution.
Renault accusé d’avoir contourné les tests d’homologation
Selon l’accusation, Renault aurait sciemment calibré ses moteurs diesel pour qu’ils respectent les normes d’émissions de polluants (notamment les oxydes d’azote) uniquement lors des phases de test. En conditions réelles de conduite, les émissions étaient nettement plus élevées, parfois jusqu’à 10 fois la limite légale, sans que les conducteurs n’en soient informés.
Des véhicules vendus entre 2009 et 2017 dans le viseur
Les modèles concernés incluent plusieurs voitures diesel vendues entre 2009 et 2017, comme la Clio IV, Captur, Mégane IV, Kadjar, Scénic III, Talisman ou Espace V. En tout, près de 2 millions de véhicules pourraient être concernés.
Une fraude organisée ?
Les juges d’instruction estiment que Renault a, durant plusieurs années, mis en place un système destiné à tromper les autorités et les consommateurs. L’objectif ? Obtenir plus facilement les homologations et continuer à vendre des modèles diesel soi-disant "propres", alors qu’ils étaient loin de l’être.
L’affaire est d’autant plus sensible qu’elle met en cause la santé publique. Les émissions excessives d'oxydes d'azote sont reconnues comme toxiques, responsables de maladies respiratoires et de milliers de décès prématurés en Europe chaque année.
Renault se défend, mais la justice avance
Renault conteste toute volonté de tricherie, arguant d’un respect des normes en vigueur au moment de la mise sur le marché. Mais pour le parquet, les faits sont suffisamment graves pour justifier un renvoi devant le tribunal correctionnel.
Le juge d’instruction doit maintenant trancher : soit suivre les réquisitions du parquet et ordonner un procès, soit prononcer un non-lieu. Une décision très attendue, qui pourrait ouvrir une nouvelle séquence judiciaire pour le groupe français, déjà fragilisé par d’autres affaires.
Si l’affaire Renault aboutit à un procès, elle pourrait bien devenir un symbole fort : celui d’une époque où l’on commence (enfin) à demander des comptes aux industriels quand les promesses de “propreté” sentent un peu trop l’échappement. Car derrière les chiffres d’émissions truqués, ce sont des enjeux de santé publique, de confiance des consommateurs et de justice environnementale qui sont en jeu.
Reste à voir si la justice suivra le réquisitoire du parquet, ou si l’affaire retournera discrètement dans l’ombre.